Les Justes
Henri Weisbecker
Année de nomination : 2011Date de naissance : 15/10/1903
Date de décès : 12/02/1977
Profession : Commissaire de police
Département : Cantal
Région : Auvergne-Rhône-Alpes
Personnes sauvées
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire
Henri Weisbecker, en poste à Freyming, en Moselle, au sein de la Sûreté nationale, est confronté aux infiltrations des nazis sur le territoire français. Dès 1939, il est recherché par la Gestapo.
Passé en zone libre, il devient commissaire de police à Marseille en octobre 1941. Résistant à Marseille, il prend beaucoup de risques, pour lui mais aussi pour sa femme Yvonne et ses trois fils, Bernard, André et Marcel.
En avril 1943, il est nommé commissaire de police pour Aurillac-Arpajon où il va rester jusqu’à la fin de l’année 1944. Il prend contact avec Henri Tricot, chef local de la Résistance, et s’appuie sur des membres de l’administration qui ont gardé l’esprit républicain ou qui s’engagent secrètement dans la Résistance : Jean Lepourcelet, chef de bureau du cabinet du préfet du Cantal et, clandestinement, cheville ouvrière du service de renseignements des Mouvements unis de la Résistance (MUR) ; Pierre Mitanchez, un Lorrain chef du service des réfugiés ; ou encore René Forthoffer, lieutenant de gendarmerie, alsacien…
Pour venir en aide aux réfugiés, il déclare un vol de cachet du commissariat, avec lequel il fabrique des vraies-fausses cartes d’identité, signées de son nom. De nombreux Juifs en ont bénéficié, comme Janine Cohen, alors fiancée à Albert Kirch, réfugiés tous deux dans le Cantal et le rabbin Albert Kirch.
Parallèlement à son travail au sein de la police, Henri Weisbecker tient à connaître d’Henri Tricot les actions de la Résistance. En cas d’enquête, il envoie ses inspecteurs sur des fausses pistes. Afin que la Milice ne le soupçonne pas de connivence avec la Résistance, il fait envoyer par les MUR une lettre de menace de mort, qu’il arbore comme un certificat. En 1941, Françoise Cahen et sa mère, Louise Michel, après avoir quitté Paris en juin 1940 et s’être réfugiées un temps dans les Hautes-Pyrénées, partent pour Aurillac où elles espèrent échapper aux rafles contre les familles juives. Là-bas, le commissariat de police est dirigé à partir d’avril 1943 par le commissaire Henri Weisbecker, un « grand résistant » qui a déjà sauvé des personnes juives dans son précédent poste à Marseille. Le 25 mai 1944, comprenant qu’une rafle se prépare à Aurillac car ses agents sont réquisitionnés par la Milice, le commissaire Weibecker charge le groupe de résistants de son commissariat d’aller prévenir tous les Juifs de la ville. Françoise Cahen, sa mère, Louise Michel, et ses cousines, vont être parmi les personnes prévenues et ainsi sauvées de la déportation.
L’action d’Henri Weisbecker s’est également étendue à la fourniture de fausses cartes d’identité aux familles menacées.
Lorsqu’un détachement de la division Das Reich sévit sauvagement dans le bassin d’Aurillac, début juin 1944, il intervient en faveur des otages et établit des rapports très précis sur les crimes de guerre commis. À la Libération, ces crimes de guerre ont été recensés par le juge Alfred Chardon (déclaré Juste parmi les nations en 2006) et les dossiers ont été versés au procès de Nuremberg.
Le 2 mars 2011, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Monsieur Henri WEISBECKER, le titre de Juste parmi les Nations