Les noms des victimes sur le Conservatoire

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Dossier n°

Les noms des victimes sur le Conservatoire

Le projet a abouti. Deux plaques seront apposées, une avec les noms et âges des 387 déportés juifs, une avec le nom des 19 Justes de Charente.


Le projet de l’Association des Juifs d’Angoulême, présidée par Gérard Benguigui (ci-dessus), est sur le point de se concrétiser. (photo tadeusz kluba / « Sud ouest »)

Parmi eux, il y avait des enfants. Quatre-vingt-cinq enfants âgés de 15 ans ou moins. Sur les 387 Juifs qui ont été pris dans la rafle du 8 octobre 1942 en zone occupée, rassemblés à l’actuel Conservatoire d’Angoulême, alors salle philharmonique, avant d’être conduits à Drancy et déportés à Auschwitz. C’est lorsqu’il a pris conscience de la présence de tous ces enfants, lors de son difficile travail d’identification des personnes victimes de cette rafle, que Gérard Benguigui s’est dit : « Il faut faire quelque chose. »

Depuis deux ans, le président de l’Association des Juifs d’Angoulême porte le projet d’installer sur le Conservatoire une plaque identifiant toutes les victimes juives, afin qu’aux yeux de tous, elles aient un nom. Sur la plaque, sera aussi indiqué leur âge.

Rappelons qu’il existe déjà deux plaques sur le bâtiment, l’une précisant la rafle et la déportation, l’autre, plus petite, au nom de la République française, en hommage aux victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l’humanité commis entre 1940 et 1944. 

Inauguration en octobre

Après de nombreuses démarches, le projet de l’Association des Juifs d’Angoulême a abouti. « Les autorisations sont obtenues et j’ai les financements », résume Gérard Benguigui. Les plaques doivent être apposées en avril, et l’inauguration est d’ores et déjà prévue à la date anniversaire de la rafle, le 8 octobre.

Car il y aura deux nouvelles plaques. À côté de celle listant les noms des victimes, une seconde plaque sera apposée sur le même pilier, citant les noms des 19 Charentais reconnus Justes parmi les nations par le Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, pour avoir mis leur vie en danger afin de sauver des Juifs. « Je veux être positif dans ma démarche », souligne Gérard Benguigui.

« En découvrant l’histoire locale, raconte celui qui est arrivé dans le département il y a quatre ans, j’ai découvert qu’en Charente, la déportation était un phénomène majeur. Et pas seulement celle des Juifs. »

« Il y a des gens qui ont eu un courage inouï. En protégeant les Juifs, on risquait la peine de mort et l’entourage risquait la déportation », rappelle Gérard Benguigui. Ces 19 Justes, « c’est tout à l’honneur de la Charente ».

Dans son projet, il a été soutenu par des élus – le député PS Jean-Claude Viollet pour n’en citer qu’un -, par des collectivités territoriales, la Ville, propriétaire des murs du Conservatoire, Grand-Angoulême, qui en a la gestion, et le Département. Il avoue bien volontiers qu’en tant que citoyen lambda, sans contacts particuliers, il ne savait pas forcément sur quelle sonnette appuyer pour faire avancer le projet plus vite. Mais celui-ci a fait son chemin.

Des réactions en Australie

L’aide (y compris financière) est également venue de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, à Paris, et par l’association des Fils et filles des déportés juifs de France (FFDJF), présidée par Serge Klarsfeld. Mais aussi de particuliers.

Une fois le projet médiatisé (vive Internet !), il a eu des échos bien au-delà d’Angoulême et de la seule Charente. « Il y a des gens qui lisent les journaux régionaux aux États-Unis, en Israël, en Australie, et ailleurs en France », pointe Gérard Benguigui qui a dû faire face à de nombreuses demandes venues de loin. Comme ce : « Est-ce que dans votre liste, il y a mes grands-parents ? » « Pour certains, indique Gérard Benguigui, les oncles et tantes sont concernés. Eux étaient ailleurs, avec leurs parents. » La liste précise des victimes de la rafle du 8 octobre 1942 n’avait en effet jamais vraiment été établie.

Et les autres rafles ?

Depuis que le projet est connu, « j’ai aussi été pris à partie », explique Gérard Benguigui. Des gens qui me disent : « Et les autres rafles ? » Car « il y a eu d’autres rafles, avec regroupement au Conservatoire. Avant le 8 octobre et après. Mais j’avoue que je n’ai pas d’autres informations. Il y a tout un travail historique qui reste à faire. Je ne suis pas historien. »

Angoulême· Jean-Claude Viollet

 

source: http://www.sudouest.fr/2012/02/29/les-noms-des-victimes-sur-le-conservatoire-645928-813.php du 29/02/2012