5 nouveaux Justes à la mairie du 2° arrt de Paris
Le 31 janvier, la Mairie du 2e arrondissement de Paris a servi de cadre à une cérémonie de remise de diplômes et de médailles aux noms de cinq nouveaux Justes parmi les Nations.
Voici in extenso les hommages rendus à ces Justes :
Trois ans plus tard, leur fils Jacques naît et ils vivent tous une vie ordinaire et tranquille jusqu’à la déclaration de guerre. Motek s’engage immédiatement dans l’armée française mais revient chez lui après la débâcle en 1940.
En mai 1941, il est convoqué au commissariat où il est arrêté et envoyé d’abord au camp de Compiègne, puis à celui de Beaune-la-Rolande. De là, il est déporté à Auschwitz en septembre 1942 où il meurt quelques semaines plus tard.
Malta et ses enfants sont arrêtés en avril 1942 et internés à Aincourt (Yvelines).
En septembre 1942, Malta est déportée à Auschwitz et assassinée dès son arrivée. Suzanne et Jacques sont pris en charge par l’assistance sociale du camp d’Aincourt qui parvient à les faire sortir. La Croix Rouge les confie à l’Ugif qui les place au centre d’accueil de la rue Guy Patin à Paris dans le 10e arrondissement. De là, ils sont envoyés quelques temps à Sernaise dans l’Essonne. Mais les conditions de vie y sont précaires et dangereuses, et Suzanne, alors âgée de 14 ans, demande une autre solution aux Docteurs Renée et Boris Wechsler, médecins de l’Ugif. Ceux-ci décident de l’accueillir chez eux à Paris pour qu’elle s’occupe de leurs trois enfants.
Renée Wechsler a l’idée de demander l’aide d’une amie de son père, Lucienne Boutet, qui accepte sans hésitation de cacher Jacques chez elle à Paris dans le 7e arrondissement en le faisant passer pour son neveu. En été 1944, quelques semaines avant la Libération, Lucienne recueille également Suzanne et les enfants des Drs Wechsler.
Jacques continuera à vivre avec Lucienne Boutet après la guerre, choyé comme son propre enfant. Il fera de brillantes études et deviendra médecin. Elle ne cherchera jamais à l’influencer dans ses convictions religieuses et à lui faire adopter sa foi catholique. Elle l’adoptera en 1952 et décèdera en 1953.
La famille se disperse en 1940.
Gustave s’installe à Limoges (Haute-Vienne) où il exerce l’activité de prothésiste dentaire. Il rencontre au cours de matchs de football, René Dumonteil, un dirigeant de club sportif, avec qui il se liera d’amitié.
Avec l’aide de René Dumonteil, ingénieur des Ponts et Chaussées, il procure à son frère David une fausse carte d’identité. Celui-ci peut le rejoindre à Limoges en 1942.
Leur mère est arrêtée à Paris en 1942 et déportée à Auschwitz.
En juin 1943, Gustave Szwec est appelé au S.T.O. (travail obligatoire en Allemagne). Il se réfugie chez René Dumonteil qui lui demande de ne pas s’y rendre, et l’héberge car il est sans travail. Son frère David est lui aussi placé chez un paysan de la région.
En 1944, afin de protéger Gustave et David Szwec, René Dumonteil, responsable régional du maquis, les fait entrer dans le maquis et la résistance.
Début 1945, René Dumonteil est muté à Saint-Tropez (Var) pour participer à la construction du port. Gustave Szwec rejoindra, quant à lui, le reste de sa famille à Paris.
René Dumonteil est décédé en 1995. Gustave Szwec a toujours entretenu de très bonnes relations avec Annie Dumonteil et ses 2 enfants, Nicole et Gérard. Gustave Szwec a gardé une profonde reconnaissance envers René Dumonteil qui l’a aidé à ses risques et périls pendant cette difficile période.
Rosa Zoltroboda, née Geller, est née le 5 février 1907 à Stockholm (Suède). Elle arrive en France vers 1915-1920. Ils sont tous les deux déclarés « apatride ».
Ils demeurent avant la guerre au Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne) et exercent la profession de tailleurs pour dames. Leur fils, Camille, est né le 17 juin 1934, sa sœur, Sarah, est née le 11 novembre 1926 et sont « Français » de naissance.
Le père est arrêté le 14 mai 1941 comme juif apatride et envoyé en détention au camp de Beaune-la-Rolande. Là, il parvient à obtenir de médecins juifs internés un certificat de dérangement mental et est envoyé à l’asile d’aliénés de Cémoi-lès-Aubrais, près d’Orléans. Grâce au médecin-chef, le Docteur Caron, il sera muté à l’Hôpital Sainte-Anne à Paris où il restera jusqu’au débarquement de 1944.
Au printemps 1942, des inspecteurs français se présentent pour arrêter la mère et les enfants. Mais, avant leur retour prévu le lendemain, elle décide de prendre le train pour Bordeaux afin de rejoindre la petite ville de Bazas où elle a des connaissances. Mais, lors d’un essai de passage de la Ligne de Démarcation, elle est arrêtée et envoyée au camp de Rivesaltes. Elle en sera libérée au bout de deux mois grâce à ses enfants nés français.
Restés seuls, les deux enfants vont rejoindre une tante dans un hôtel de Pau et, après la libération de leur mère, ils sont tous assignés à résidence à Lacaune (Tarn), bientôt rejoints par leur jeune cousin, René Panaras.
Entre courant 1942 et la Libération du Sud-Ouest, lorsque la mère et sa fille Sarah vont passer la nuit ou séjourner au Maquis pour échapper aux rafles, c’est la patronne du bar situé au rez-de-chaussée de l’immeuble, Marie-Louise Menou, qui recueille et héberge les deux cousins en les faisant coucher avec son fils André. Elle les traite avec bonté, leur offre des distractions, leur permet de continuer à fréquenter l’école, où leur maître est Monsieur Curval.
L’assignation à résidence faisait obligation d’aller signer la présence au Commissariat chaque lundi. La mère et ses enfants étaient avertis de l’imminence des rafles et allaient donc se cacher au maquis un ou deux jours, voire une semaine.
Marie-Louise Menou a mérité toute notre reconnaissance pour son dévouement et sa générosité.
En septembre 1939, le père s’enrôle dans l’armée mais il n’est démobilisé qu’en 1940 alors qu’il se trouve à Bourganeuf dans la Creuse, village où il a fait des connaissances. Il rentre à Paris pour retrouver sa famille, son magasin est , « aryanisé » en 1941.
Après les premières rafles de juifs étrangers, Louis Blum décide de traverser la Ligne de démarcation, en uniforme, pour retourner à Bourganeuf, où on lui a dit : « si les choses tournent mal, venez ici avec votre famille car il y a toujours à manger dans les fermes ». En décembre 1941, c’est chose faite et la famille parvient à se réunir à Bourganeuf.
Une première aide est trouvée auprès de Monsieur Baglot, le bijoutier local, puis également fournie par la famille Pénicaud.
Pour mettre leurs fillettes en sûreté, les Blum vont parvenir à les placer dans l’internat de l’école locale ; là, elles deviennent très amies avec Hélène et Marguerite Reitz. En avril 1944, la situation devient si tendue et dangereuse que les deux sœurs sont retirées de l’école mais elles vont trouver refuge chez les Reitz, à Chignat. Choyées et en sécurité auprès de cette famille, elles vont rester jusqu’à la Libération en septembre 1944. Un peu avant celle-ci, les Reitz accueilleront aussi chez eux les parents Blum en disant : « si nous devons mourir, nous mourrons ensemble ! ».
Grâce au courage de la famille Reitz, toute la famille Blum a survécu et a pu émigrer aux Etats-Unis.
Aujourd’hui, Hélène étant décédée prématurément, c’est Marguerite Bodez-Reitz qui va recevoir la médaille de Juste décernée à René Reitz et à sa mère Mathilde.
A propos de Camille Zoltroboda et de Marie-Louise Menou, Juste parmi les Nations, qu’il soit permis de proposer une lecture du remarquable portail des Amitiés judéo-lacaunaises.
Ce site contient notamment de précieux témoignages dont celui de Camille Zoltroboda. Il s’y souvient en ces termes de celle dont il espérait la reconnaissance comme Juste :
– « Madame Menou qui tenait le café en bas de l’immeuble avait des enfants dont un garçon, André, avec qui nous étions très copains. Dans ce café venait de temps en temps, un prestidigitateur, et madame Ménou nous permettait d’assister aux tours de passe passe, gracieusement.
Ma soeur {Sarah}avait fait la connaissance de jeunes gens qui faisaient partie du maquis (dont un certain Gaby). De temps en temps, elle faisait la navette entre la ville et eux, pour leur apporter des victuailles et des cigarettes d’eucalyptus qu’elle achetait chez le pharmacien.
Lorsqu’il devait y avoir des rafles, des personnes du maquis étaient averties mystérieusement. Ma soeur devait, je suppose, le dire à un maximum de personnes pour qu’elles prennent leurs précautions (sans grand résultat car beaucoup de Juifs de Lacaune furent déportés)…Toutes les nuits où il devait y avoir une rafle, ma mère nous confiait, mon cousin René et moi, à Madame Menou, la tenancière du bar, et nous passions la nuit dans la chambre de son fils André. Cet acte courageux m’a incité à demander, à titre posthume, la médaille des Justes. »
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