Extraits des discours à St-Amand-Montrond
A g. : Plaquette éditée par la Ville (1).
A dr. : Architecte de la cérémonie du 5 mai à Saint-Amand-Montrond, son maire : Thierry Vinçon (Mont. JEA / Droits Réservés).
Après la lecture du message de Simone Veil par Paul Schaffer (2), ont pris la parole :
1. Didier Cerf, Délégué régional du Comité Français pour Yad Vashem.
De g. à dr. : Paul Schaffer, Président du Comité Français pour Yad Vashem, et à la tribune, Didier Cerf, Délégué régional (Ph. M. Kahn / DR).
Ayant rappelé l’historique de l’Institut Yad Vashem de Jérusalem ainsi que la diversification de ses activités, Didier Cerf a évoqué les Justes :
– « Depuis 1963, Yad Vashem exprime également la reconnaissance du peuple Juif aux hommes et aux femmes non Juifs, de toutes origines et de toutes conditions qui, à travers l’Europe, de manière désintéressée et au péril de leur vie, ont sauvé des Juifs persécutés : ce sont les « Justes ».
A Paris, le Comité Français pour Yad Vashem est une association de bénévoles dont le but est de favoriser l’enseignement et la transmission de l’histoire de la Shoah ainsi que de recueillir les témoignages pour faire reconnaître et honorer les Justes de France.
(…) Mais malheureusement, même si notre Comité continue à instruire tous les dossiers qui lui sont confiés, les années passent inexorablement, et beaucoup de ces gens, qui mériteraient que leur nom soit inscrit à jamais dans l’allée des Justes à Jérusalem, resteront dans l’anonymat faute de témoignages. »
2. Au nom de l’Ambassade d’Israël, Shlomo Morgan.
Shlomo Morgan, Ministre-Conseiller à l’information près l’Ambassade d’Israël en France (Ph. M. Kahn / DR).
Shlomo Morgan :
– « (…) C’est avec un très grand honneur et une immense émotion que je suis présent parmi vous à l’occasion de l’inauguration de « l’Esplanade des Justes parmi les Nations ».
Cette esplanade et cette Stèle vont honorer les actes de Pierrette et Roger Jurvillier, Juliette et Pierre-Aimé Laneurie, Marie, Etienne, Annette et Pierrette Boissery, Léontine et Isidore Boyau, Henriette et Maurice Fagnot, Louise Labussière, Hermine Lasne, Suzanne Mercier, Germaine Vigne et Hélène Zemmour (3).
Ces hommes et ces femmes sont la fierté et l’honneur de la Ville de Saint-Amand-Montrond et de la France.
Cette initiative s’inscrit dans une démarche pédagogique et mémorielle renforcée par les deux expositions présentées ici :
– « Ce ne sont pas des jeux d’enfants », du Musée Yad Vashem, nous raconte l’histoire d’enfants rescapés, d’enfants ayant lutté pour rester en vie.
– « Désobéir pour sauver », de l’ONAC et du Comité Français pour Yad Vashem, rend hommage aux 54 gendarmes et policiers « Justes » et à leurs collègues restés à ce jour anonymes, en mettant en lumière les valeurs humaines et citoyennes qui les ont animés (4). »
Me Kiejman (Ph. JEA / DR).
Son intervention n’était pas prévue mais il eut à coeur de prononcer quelques mots lui aussi. Me Kiejman a rappelé combien sa famille a été frappée par la Shoah alors que lui était un enfant caché dans la région de Saint-Amand-Montrond. Son hommage a porté particulièrement sur ces instituteurs de la République auxquels Vichy ne put imposer de se taire et de s’aligner sur l’antisémitisme officiel du régime collaborateur (5).
3. Thierry Vinçon, Maire à Pierrette Jurvillier.
– « Chère Pierrette, face à cette folie, voici près de soixante-dix ans, vous n’avez pas hésité à compromettre la sécurité de vos proches, à risquer la prison voire la déportation, ni à mettre en péril votre propre vie… pour des enfants, pour des femmes, pour des hommes que vous ne connaissiez même pas, mais des enfants, des femmes et des hommes pourchassés, traqués, en sursis de mort.
Au moment où la barbarie et la folie destructrice régnaient dans les camps, vous, les Justes, vous avez hébergé ces familles, apporté la tendresse aux enfants et un réconfort aux adultes.
Vous avez agi avec votre coeur, parce que les menaces qui pesaient sur eux vous étaient insupportables.
Vous avez agi avec la force d’une exigence non écrite qui primait sur toutes les autres : sauver une vie.
Vous n’avez pas cherché les honneurs. Vous n’en êtes que plus digne.
Les Justes de France et du Cher pensaient avoir simplement traversé l’Histoire.
En réalité, ils l’ont écrite !
Il était temps que nous leur exprimions notre reconnaissance.
(…) « Un peuple qui oublie son histoire est condamné à la revivre », disait Primo Lévi.
(…) Votre présence aujourd’hui, notre présence, ici, est la preuve que l’oubli et le déshonneur ne peuvent vaincre un peuple qui choisit de ne pas oublier. »
4. Au nom du Préfet du Cher, le Sous-Préfet de Saint-Amand-Montrond.
Le Sous-Préfet de Saint-Amand-Montrond (Ph. JEA / DR).
Francis Blondieau :
– « Depuis trop longtemps, la ville de Saint-Amand-Montrond voyait son nom accolé au nom de son maire {Papon} qui fut condamné en 1998 pour des faits qui n’avaient rien à voir avec la ville elle-même. Cette complicité de crimes contre l’humanité reconnue par la justice a pesé lourd dans l’image de la cité de l’or.
Vous avez souhaité, Monsieur le Maire, remettre de l’ordre dans cette mémoire collective et rétablir une vérité saint-amandoise.
L’exercice auquel vous nous conviez est également salutaire pour nous tous, habitants du Cher, qui sommes invités au banquet du souvenir, et à redire, à travers la célébration des Justes du Cher, notre compassion aux victimes innocentes de la barbarie nazie et notre attachement aux valeurs universelles des droits de l’Homme. »
5. Au nom du Maire de Nottuln (Allemagne).
La voix des habitants de Nottuln :
– « Pour nous, les représentants de Nottuln, ce, jour est marqué de trois sentiments :
Le sentiment de la honte, le sentiment de la commémoration et le sentiment de la gratitude.
Chaque souvenir de la terreur qui est partie du sol allemand est un sentiment de honte.
Et nous sommes reconnaissants des mains amies qui nous furent tendues.
Ces mains de l’amitié nous ont aidés et nous aident à maintenir le souvenir des victimes, et le souvenir des Justes qui sont honorés aujourd’hui avec « l’Esplanade des Justes ».
Les citoyennes et les citoyens Nottulnois sont reconnaissants à leurs amis Saint-Amandois de les faire participer à cette cérémonie.
Tenons ensemble cette flamme de la mémoire et du souvenir vivante, afin que nos descendants puissent continuer à vivre dans la paix et dans l’amitié ! »
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