Saint-Amand Montrond honore les Justes (1)

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Dossier n°

Saint-Amand Montrond honore les Justes (1)

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Face à la Stèle des Justes encore couverte du drapeau tricolore, une forêt de parapluies couvrant la place de Juillet à Saint-Amand-Montrond, ce 5 mai 2010 (Ph. JEA/DR).

Thierry Vinçon, Maire :
« Redonner à notre Ville
la fierté de son passé !

Témoigner sa reconnaissance
et son admiration aux Justes. »

Un temps incroyablement agressif n’a dissuadé personne de vivre intensément cet événement exceptionnel : l’inauguration d’une Esplanade et d’une Stèle à Saint-Amand-Montrond, le 5 mai 2010. La multitude des parapluies tentait de protéger une foule extrêmement dense. Une pluie tenace, froide et grise se chargeait de rappeler un passé de cendres marqué notamment par les persécutions de la Shoah. Selon un mot du Maire, Thierry Vinçon, cette pluie « lavait » aussi la Ville. Allusion à cet ancien édile que fut Maurice Papon, condamné pour complicité de crimes contre l’humanité…
Mais cette météo inclémente ne pouvait ternir l’éclat des hommages rendus aux Justes de Saint-Amand-Montrond, comme à ceux du Cher, à ceux de France et des autres pays jadis occupés. Dernière Juste encore en vie dans la région, Pierrette Jurvillier était entourée d’une affectueuse attention à laquelle elle répondait spontanément par des regards lumineux et par des sourires que même la pluie ne pouvait effacer…

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Mot du Maire, Thierry Vinçon, en introduction à la Plaquette (1) « Saint-Amand-Montrond honore les Justes parmi les Nations » (DR).

Thierry Vinçon :

– « J’ai choisi d’honorer les Justes parmi les Nations du Cher et de Saint-Amand-Montrond afin de redonner à notre Ville la fierté de son passé !
Ces enfants, ces femmes et ces hommes ont sauvé, au péril de leur propre vie, des enfants, des femmes et des hommes juifs, afin de les soustraire à une mort programmée par le régime nazi.
Ces Justes ont redonné à la France son honneur et sa dignité.
Saint-Amand-Montrond aura désormais une esplanade et une Stèle pour leur témoigner sa reconnaissance et son admiration.
Ces Justes sont un exemple pour l’Avenir. »

Deux instantanés de cette cérémonie :

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La nouvelle Esplanade des Justes (Ph. JEA/DR).

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La Stèle est dévoilée devant un public au silence respectueux.
A l’avant plan : Pierrette Jurvillier, Juste parmi les Nations.
Debouts, de g. à dr. : Paul Schaffer, Président du Comité Français pour Yad Vashem; Thierry Vinçon, Maire; Shlomo Morgan, Ministre-Conseiller à l’information près l’Ambassade d’Israël à Paris (Ph. JEA/DR).

Témoignage de Pierrette Jurvillier :

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La Juste Pierrette Jurvillier (Ph. JEA / DR).

– « Il n’est pas aisé de parler de soi…

Lorsque la famille Wolf, à nouveau aux abois, ne sachant où aller, s’est présentée à la ferme, Roger (2) d’abord, dès 1941, puis moi, à compter de 1943, nous avons décidé, tout simplement, de mettre en pratique notre philosophie de vie.

Nous n’avons rien fait d’extraordinaire : il nous a semblé normal d’accueillir une jeune couple et leurs bébés essayant d’échapper à la mort qui menaçait à nouveau la famille (les parents et la grand-mère de Robert Wolf avaient déjà été raflés et déportés).

Comment penser et agir autrement ? Robert et Roger n’étaient pas des étrangers l’un pour l’autre (3) et il était impensable, pour nous, d’abandonner cette famille dans la tourmente. Je savais, peut-être mieux que d’autres, ce que signifiait cette tourmente puisque, moi aussi dénoncée, la discrétion était de rigueur. C’est cette discrétion, aussi, qu’Ernest Loeb (4) a connue, en trouvant refuge chez nous.

Avec des caches successives pour les uns, pour les autres, les ravitaillements à travers les vignes, nous avons pu aider, protéger, soutenir tous les proscrits qui se trouvaient sur notre route.

Même si nous n’avons pas été les seuls, nous avons été peu nombreux à réagir avec l’humanité de nos convictions.

Si vous trouvez que ce qui a été fait devait l’être, un combat n’est jamais terminé. A vous tous de continuer. »

Message de Simone Veil lu par Paul Schaffer :

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Paul Schaffer, Président du Comité Français pour Yad Vashem (Ph. JEA/DR).

Présidente d’Honneur de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Simone Veil, de l’Académie Française, était empêchée d’apporter personnellement son message à cette cérémonie. Elle chargé son ami depuis Auschwitz, Paul Schaffer, de le lire en son nom.

Simone Veil :

– « J’ai vivement regretté, Monsieur le Maire, de ne pouvoir être aujourd’hui parmi vous, comme vous m’y aviez conviée, ce dont je vous remercie. La mémoire de la Shoah, dont j’ai jusqu’à une date récente présidé la Fondation, me tient en effet particulièrement à coeur.

La mémoire de la Shoah, c’est d’abord l’imprescriptibilité du crime spécifique que fut la destruction des Juifs d’Europe. C’est aussi le souvenir de tous ceux qui, dans cette période tragique, tantôt par conviction, tantôt par opportunisme, se sont accomodés du cours des choses, éventuellement en y prêtant la main.

C’est enfin le recueil des innombrables actes de civisme, de courage, répertoriés ou non, grâce auxquels les trois-quarts des Juifs de France ont échappé à l’Holocauste. On a trop souvent méconnu cette vague des actes de solidarité, le plus souvent discrets, et j’ai le souvenir du temps, déjà lointain, où l’opprobre jeté sur l’ensemble de la population par un film comme « Le chagrin et la pitié », m’avait révoltée.

Voilà pourquoi j’ai salué comme il convenait l’hommage rendu, au nom de l’Etat d’Israël, par l’Institut Yad Vashem, aux actes de courage effectués par les Justes parmi les Nations. Voilà pourquoi, sans oublier les innombrables gestes de sauvetage effectués dans ces années noires et demeurés dans l’anonymat, par le jeu des circonstances ou par la volonté et la modestié de leurs auteurs, il convient de s’incliner, Monsieur le Maire, devant l’initiative prise par votre Municipalité, à la mémoire des Justes du Cher, en gravant de manière indélébile, dans la stèle érigée sur cette esplanade des Justes, le souvenir de cette page de lumière dans la nuit de la Shoah. »

NOTES :

(1) Plaquette de 55 pages Avec le programme de la cérémonie. Le message de Simone Veil. Les Justes du département du Cher. Des témoignages. Les discours. L’inauguration de l’Esplanade des Justes parmi les Nations. Le vernissage des expositions « Ce ne sont pas des jeux d’enfants » et « Désobéir pour sauver, Des policiers et des gendarmes français Justes parmi les Nations ».

(2) Roger Jurvillier, Juste honoré tout comme son épouse Pierrette, en 1989. Il est décédé en 1991.

(3) Roger Jurvillier et Robert Wolf s’étaient connus sous l’uniforme du même régiment.

(4) Idem pour Ernest Loeb.

Organisée remarquablement par la Ville de Saint-Amand-Montrond et par Didier Cerf, Délégué régional du Comité Français pour Yad Vashem, cette cérémonie sera couverte par d’autres pages à venir sur ce Site.

Qu’il nous soit permis de remercier particulièrement Mme Gaudin qui, au Cabinet du Maire, s’est impliquée avec autant de discrétion que d’efficacité dans l’aide apportée à la couverture de cette cérémonie.